Découvrir Longvilliers

On est immédiatement conquis en approchant du bourg par l’aspect demeuré très “agreste” de la vallée de la Dordonne et le caractère “typique” de l’ordonnance villageoise: petites maisons basses aux murs blancs soigneusement crépis ou de belle pierre taillée, toits de cette couleur indéfinissable de la tuile rouge vieillie, hauts portails ouvrant sur les vastes cours intérieures des fermes. L’église se dresse un peu à l’écart, encore enveloppée de son cimetière et d’un large espace herbu que dominent les ruines du château, en partie masquées par un écran de vieux arbres.
Coudoux J. (1975) – Longvillers (Pas-de-Calais): Patrimoine et vie rurale en pays de Montreuil. Travaux et recherches du Laboratoire de Géographie rurale de Lille, Cahier numéro 3, pages 171-206.

Longvilliers en bref

Longvilliers est une commune rurale française située dans le département du Pas-de-Calais, arrondissement de Montreuil-sur-mer. Ses communes limitrophes sont
Bernieulles ⬥ Cormont ⬥ Frencq ⬥ Maresville ⬥ Tubersent

Longvilliers avait 253 habitants pour 106 ménages, au dernier recensement de la population en 2019, soit une densité de 23,0 habitants par km².
Après avoir fortement diminué, le nombre d’habitants, qui était de 525 au recensement de 1821, a augmenté jusqu’en 2013 avant de connaître une baisse en 2018.

Evolution du nombre d’habitants  ▼ 249 en 1999 ▼ 228 en 2006 ▲ 229 en 2007 ▲ 243 en 2009 ▲ 259 en 2013 ▼ 250 en 2018 ▲ 253 en 2019

Voies

Lieux-dits

Armes de Longvilliers

D’argent à un doloire de gueules surmonté d’un lambel du même
Blanc avec une petite hache rouge surmontée d’une brisure de la même couleur

ARGENT
Métal dont il est fait usage en armoiries. Se représente au naturel, c’est-à-dire argent ou blanc uni, sans hachure.
GUEULES
Rouge, l’une des six couleurs HÉRALDIQUES les plus utilisées (ARGENT, pour blanc, en étant une autre).
DOLOIRE
Petite hache dans le manche est en forme de poignée.
LAMBEL
Traverse horizontale ou “fil” duquel descendent des petits clochetons nommés “pendants”, ordinairement au nombre de trois.
Le Lambel est généralement placé horizontalement dans la partie supérieure du blason, “en chef”.

La Dordonne

Longvilliers est traversé par la Dordonne, petite rivière d’environ 10 kilomètres de long. Elle prend sa source dans la commune voisine de Cormont au lieu-dit Bout de Haut, traverse les communes de Longvilliers et Maresville et se jette dans la Canche à Bréxent-Énocq. La Canche se jette elle-même dans la Manche à Etaples-sur-mer et le cours d’eau constitue ainsi un trait d’union naturel avec la Côte d’Opale toute proche.

Vue du pont de la rue de Recques
Carte IGN 2021

…Ou la Dordogne

On trouve également souvent l’appellation Dordogne, comme par exemple sur le cadastre napoléonien de 1816, ou même encore de nos jours sur les cartes IGN (géoportail). Plus encore, il y a à Longvilliers une impasse de la Dordogne, située jute avant l’entrée de Maresville, tandis qu’à Maresville la rue principale s’appelle rue de la Dordonne!

…ou L’Elvina

Curmontium, in pago Bononensi, super fluvium Edivinia

Guérard M. (1840) – Collection des cartulaires de France, tome III: Cartulaire de l’abbaye de Saint-Bertin. Paris: Crapelet, page 156.

Cet extrait du cartulaire de l’abbaye de Saint Bertin à Sant-Omer date d’août 831 et place Cormont (Curmuntium) sur la rivière (fluviumEdivinia, nom d’origine celtique qui s’est par la suite transformé en Elvina.

…ou “La rivière”

Dans les textes anciens, il était généralement fait mention de “la rivière“, sans lui donner de nom, notamment dans les actes de vente de terrains ou de maisons:

  • le rivière qui vient de Loncvilers alans à Brekelessent [Bréxent] (5 juin 1338)
  • le rivière qui keurt de Longvillers à Breclessent (5 mai 1371)

    Rodière R. (1906) – Chartes diverses du Boulonnais. Mémoires de la Société académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer, tome 24. Boulogne-sur-mer: Imprimerie G. Hamain, pages 107 et 140.

Vie d’antan et vie d’asteure

Antan à Loncviler

Ces alexandrins nous ramènent aux origines de Longvilliers, en nous fournissant d’intéressantes indications. Ils sont extraits de la chanson du Chevalier au Cygne, texte écrit au 13ème siècle pour rehausser la gloire du héros de la première croisade, Godefroy de Bouillon, en lui donnant une origine mythique. Ce texte fait l’objet de plusieurs versions écrites.

     Hippeau C. (1877)La chanson du chevalier au cygne et de Godefroid de Bouillon (publiée par C. Hippeau). Deuxième partie Godefroid de Bouillon. Paris: Chez Auguste Aubry.

La scène se passe vers 1056-1057, une vingtaine d’année après la construction de la première forteresse de Longvilliers. Le comte Eustache II [li quens Witasses] de Boulogne qui vient d’épouser Ide de Lorraine – qui dans la chanson est la fille du chevalier au cygne – donne pour cette occasion de grandes fêtes à Boulogne. Eustache II était présent aux côtés de Guillaume le Conquérant lors de la bataille d’Hastings, son épouse fonda de nombreuses abbayes et sa générosité auprès des pauvres lui valut de devenir sainte.
Leurs fils, Godefroy de Bouillon et Baudouin furent les premiers rois francs de Jérusalem et leur petite fille Mathilde, que l’on retrouvera dans l’histoire de Longvilliers, devint reine d’Angleterre.
Selon l’auteur de la chanson du Chevalier au Cygne, le comte de Boulogne possédait à Longvilliers une métairie [moitoierie] qui comportait un millier de brebis et moutons.

Même si l’on considère que les poètes, appelés à l’époque trouvères, ont toujours tendance à exagérer et qu’il fallait en outre une rime à Loncviler, il paraît s’agir d’une ferme d’une importance exceptionnelle.

Selon Robert Fossier, historien de notoriété mondiale, Longvilliers aurait été au XIIème siècle un petit centre d’industrie drapière (cité par Coudoux, 1975, page 181). Ceci serait conforme à l’existence d’un très important troupeau de moutons.

Faut-il voir dans cette ferme l’origine du nom Longvilliers? Celui-ci apparaît en latin comme Longum Villare. On en a donné la traduction “la longue ferme”, mais Villare signifie en fait “relatif à la maison des champs [la villa]”. Il pourrait donc s’agir, soit de la longue dépendance de la métairie, soit de la longue métairie si celle-ci faisait elle-même partie d’un ensemble plus vaste. On trouve encore de ce nom latin des formes modifiées comme Longovillari.

Lubin A. (1421)Suite de la clef du grand pouillé des bénéfices de France, Les abbayes, Tome II. Paris: Gilles Alliot.
d’Achery L. (1669)Veterum aliquot scriptorum, spicilegium, Tome IX. Paris: Carolum Savreux.
Gaffiot F. (1937) – Dictionnaire Latin-Français. Paris: Hachette, pages 1676-1677.
de Sainte-Marthe L. & S. (1656)Gallia christiana qua series omnium archiepiscorum, episcoporum et abbatum Franciae, vicinarumque ditionum, ab origine ecclesiarum ad nostra tempora Vol, Paris: Vve Edmond Pépingué et Vve Gervais Aliot, index.

De Loncviler à Longvilliers

De Loncviler à Longvillers, qui a été l’appelation officielle jusqu’en 1997, ou Longvilliers, il y a eu en fait peu de modification.
Le “c” dans la forme écrite Loncviler respectait sans aucun doute la prononciation de l’époque, le “g” latin s’adoucissant naturellement en “c”. Le poème laisse entendre que la prononciation de l’époque était en accord avec les rimes: destrier, millier, etc.
Progressivement cette consonne est devenue muette et le rétablissement du “g”, conforme à l’origine, est de fait sans importance phonétiquement.

Le “s” final muet, qui est courant en français, est purement “décoratif” puisqu’il n’a pas de raison éthymologique.
Le doublement du “l” et l’ajout du “i” donnent à la forme écrite un meilleur accord avec millier.
On peut trouver dans certains textes anciens d’autres variantes, par exemple Nonvilliers, mais il s’agit sans aucun doute d’erreurs de transcription.

Les écritures Longvillers et Longvilliers ont longtemps cohabité. Ainsi dans l’église de Longvilliers se trouvent deux dalles funéraires de la même époque avec deux orthographes différentes, celles de Diane Sourhouette du Halde, décédée en 1650 et d’Antoine de Lumbres, décédé en 1676. De nos jours encore on peut voir par exemple le rue de Longvillers à Bréxent-Enocq.

Le 25 décembre 1997, la commune, qui s’appelait officiellement Longvillers a changé de nom pour devenir Longvilliers.

  • 22 mars 1996 – Délibération du conseil municipal
  • 10 juin 1996 – Délibération du conseil général du Pas-de-Calais
  • 22 décembre 1997 – Décret n° 97-1172 portant changement de nom de communes, signé par Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement.
Publication au Journal Officiel le 24 décembre 1997

Un lieu propice au développement de la santé et des forces d’un enfant

On peut lire dans la chanson du chevalier au cygne que le comte Eustache donna la métairie de Longvilliers à son épouse

ce qui provoqua aussitôt chez celle-ci le désir d’avoir des enfants (page 19)

Selon Ernest Deseille (1885-1886), ce don pourrait avoir déterminé la comtesse Ide à séjourner quelque temps à Longvilliers avec son fils, Godefroy de Bouillon, “dans un lieu si propice au développement de la santé et des forces d’un enfant“. Le nom de Godefroy de Bouillon fut d’ailleurs donné à une tour du château de Longvilliers.

Asteure à Longvilliers

La devise Longvilliers l’on y vit bien, apparue fin 2014 sur la couverture du numéro 7 des Echos de Longvilliers, aurait donc une origine très ancienne.

Longvilliers - Eglise Château

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