L’église Saint‑Nicolas (15ème-16ème siècles)
Classée monument historique par arrêté du 5 août 1932
De nombreux éléments ont été inscrits monuments historiques au titre objet. Le collectif objet du ministère de la culture recense 22 objets protégés, notamment
inscrits avant le classement de l’église, une verrière en verre transparent de la deuxième moitié du 15ème siècle avec des armoiries aux armes de Jean Blondel et les fonts baptismaux (18 mai 1908), la statue de Saint Nicolas en bois (12 juillet 1912), la dalle funéraire d’Antoine de Lumbres (1er décembre 1913). Sont inscrites douze pierres tombales, dont onze se trouvent dans les deux chapelles latérales de l’église, constituant une sorte de musée épigraphique.
L’église actuelle, de style flamboyant, fut reconstruite en craie taillée, vraisemblablement entre 1473 et 1518, par François de Créquy et son épouse Marguerite Blondel, châtelains de Longvilliers. Le pignon occidental porte la date 1839, qui est celle de sa restauration.
L’église est en forme de croix latine de ligne très pure, avec tour centrale et chevet à trois pans. La longueur totale est de 27 m, la largeur au transept de 17 m 75, celle de la nef et du chœur de 6 m 50.
La tour carrée est surmontée d’un clocher hexagonal à sa base et octogonal au sommet. La flèche est d’une finesse remarquable. Le soubassement ainsi que le linteau du grand portail sont en grès landénien d’Hubersent, un grès que l’on trouve sur les hauteurs avoisinantes, sous forme de blocs parfois très longs.
Une chapelle pour les seigneurs du château occupait l’emplacement de l’actuelle sacristie. Une ouverture avait été pratiquée dans la muraille pour donner vue sur l’autel et sur le chœur. Cette ouverture était ornée d’une arcade richement sculptée. Elle fut détruite à la révolution puis remplacée par la sacristie en 1864.
Deux descriptions détaillées de l’église sont données, l’une par Roger Rodière (1933, pages 288-295), l’autre par une brochure de présentation de Longvilliers..
Rodière R. (1933) – La Picardie historique et monumentale Tome VII – Le pays de Montreuil. Amiens: Société des Antiquaires de Picardie.
Longvilliers, brochure de présentation. Document non daté (postérieur à 1996), imprimé par la commune avec la contribution d’habitants de Longvilliers, 28 pages.
Le chœur
La clef de la superbe voûte de pierre [1] représente le jugement dernier avec une sculpture très soignée. Des clefs représentent la tête du Christ, l’Agneau Pascal triomphant [2], une rose.
Derrière l’autel, le vitrail représente Saint Jean Baptiste et Saint Nicolas [3].
A droite du chœur une belle piscine du 15ème siècle [4] servait au célébrant à se purifier les doigts pendant la messe. Elle est ornée d’un arc brisé et de moulures.
A gauche du chœur des peintures rappellent La mémoire d’Octave-François de Bernes de Longvilliers (1815-1889) et de son épouse Marie de Malet de Coupigny (1826-1900) qu’il épousa le 29 juillet 1846 [5].
Le tympan de la porte de la sacristie est en style flamboyant [6].
Il y a une très belle statue en bois de Saint Nicolas, patron de la paroisse, ressuscitant les trois enfants [7].
Le transept gauche Chapelle de la Vierge
La chapelle du transept gauche est dédiée à la Sainte Vierge
La clef de voûte du croisillon [1] porte les armes de François de Créquy, fondateur de l’église: Écartelé 1 et 4 Créquy, d’or au créquier de gueules; 2 et 3 contrécartelé 1 et 4 La Tour, semé de France, à la tour d’argent; 2 et 3 d’Auvergne, d’or au gonfanon de gueules; sur le tout Boulogne, d’or à 3 tourteaux de gueules.
Rodière R. (1935) – De l’utilité du blason pour dater les églises. Mémoires de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, 3(4), 409-425.
Deux statues en bois polychrome [2 et 3] représentent, l’une Sainte Anne et l’autre un saint avec une hache.
Huit pierres tombales [4 à 11] se trouvent sur les murs du transept gauche (voir ci-après).
Le transept droit Chapelle de Saint Antoine
La chapelle du transept droit est dédiée à Saint Antoine
La clef de voûte représente Saint Michel Archange [1]. On trouve dans la chapelle deux statues en bois polychrome remarquables: l’une un pèlerin armé d’une pelle ou bêche) [2] et l’autre un clerc [3].
Le médaillon du vitrail représente Saint Antoine et ses tentations [4].
Que brandit le saint? La statue [2] en bois polychrome de 70 cm de hauteur du premier quart du 16ème siècle a été initialement classée monument historique à titre d’objet le 30 mai 1961 sous la désignation de Saint Honoré, patron des boulangers. Elle a été inscrite ultérieurement le 4 avril 1973 sous la dénomination Saint Fiacre, patron des jardiniers pour le motif suivant: “son attribut est une bêche et non une pelle de boulanger.”
Trois pierres tombales [5 à 7] se trouvent sur les murs du transept droit (voir ci-après).
Les pierres tombales: Un musée épigraphique
“L’église de Longvilliers, déjà riche en pierres tombales, forme depuis 1920 une sorte de musée épigraphique. Le regretté marquis Arnold de Longvilliers, homme de bien et de grand cœur, très attaché à toutes les traditions, avait projeté d’y placer diverses dalles funéraires de sa famille, qu’il avait sauvées de la destruction; son fils, accomplissant ce projet, a fait relever contre les murs des deux croisillons, à l’intérieur, les six pierres tombales qui se trouvaient dans l’église et les cinq autres qu’il a rapportées d’ailleurs. Il était temps de procéder à cette opération, car les cinq dalles placées dans le pavage du chœur s’effaçaient rapidement depuis quelques années” (Rodière, 1933, page 291).
Rodière R. (1933) – La Picardie historique et monumentale Tome VII – Le pays de Montreuil. Amiens: Société des Antiquaires de Picardie.
Se trouvent dans le transept gauche, par ordre chronologique les pierres de:
François de Bernes (1617), Diane de Sourhouette du Halde (1650), Antoine de Lumbres (1676), Louise de Montbéton (1726), François de Bernes (1727), Marie Guilaine Amable Dubus de Wally (1751), Catherine de Salperwik de Grigny (1765), Jean-François Marie de Bernes (1771).
Se trouvent dans le transept droit, par ordre chronologique les pierres de:
Un inconnu (peut être la pierre d’un religieux de l’Abbaye de Longvilliers (13ème siècle), Françoise de Gargan (1640), Marie d’Aumale (1641).
Dans la muraille extérieure sud du chœur une pierre bleue est la dalle funéraire de Charles Duramé (1779).
Description des dalles
La nef
Les fonds baptismaux sont antérieurs à l’église
Une belle rosace fait face au chœur.
Le chemin de croix, est un don de Monsieur et Madame Sagnier Boeldieu, daté de 1925.
Les piscines
Dans une église, la piscine (ou lavabo) servait au célébrant à se purifier les doigts pendant la messe. Comme c’est le cas à Longvilliers, elle est le plus souvent creusée dans l’épaisseur d’un mur intérieur, comme une niche. Son entourage peut être plus ou moins richement sculpté et participe ainsi à la décoration de l’église. De nos jours, la piscine, ayant perdu son usage, on y place souvent une statue, et on peut croire qu’il s’agit d’une simple niche. Il faut donc regarder de près pour découvrir que la paroi inférieure fait fonction de cuvette pour recueillir l’eau et est percée d’un trou qui permet l’évacuation de celle-ci.
Dans le chœur de l’église Saint Nicolas, à droite de l’autel, on peut ainsi découvrir une très belle piscine du 15ème siècle,
ornée d’un arc brisé et de moulures. En outre, dans chacune des chapelles latérales, un examen attentif permet de trouver deux autres piscines.
Les cloches
Sous la très belle voute de pierre pendent les cordes des deux cloches qui furent bénies le 29 Juin 1902.
Au 16ème siècle, l’église possédait sans nul doute une belle sonnerie, digne de son clocher. Mais vers la fin du siècle, les cloches disparurent, victimes de la guerre de la ligue. Elles furent sans doute razziées entre 1595 et 1598 par les Espagnols des garnisons d’Hesdin ou de Saint-Omer, et fondues.
Rodière R. (1899) – Notes sur quelques cloches anciennes de Picardie et d’Artois. Mémoires de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, II(1) 308-383
Gabrielle
La plus lourde des deux cloches fait 75 cm de diamètre, ce qui est peu relativement à l’importance du clocher et pèse 784 kgs; elle se nomme Gabrielle et donne le fa. Elle a été refondue en 1902 grâce à la libéralité des paroissiens. L’ancienne cloche portait l’inscription suivante:
Datée de 1598, elle avait permis de remplacer les cloches disparues, à l’initiative de François de Belleval et de son épouse Diane de Sourhouette du Halde, les châtelains de cette époque.
Figuraient encore les noms de leur fille Marie de Belleval, du curé Carluy, ainsi que de plusieurs habitants de Longvilliers, peut-être les marguilliers (ceux qui avaient la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’église). selon Roger Rodière cette cloche avait vraisemblablement été fondue par Benoît Le Moine, qui a fondu la même année 1598 la cloche d’Hénocq.
Françoise
Une deuxième cloche qui se fit attendre. Marthe de Levrien, veuve de Messire Antoine de Lumbres et Dame de Longvilliers, avait dans son testament du 15 décembre 1679 légué à l’église de Longvilliers 150 livres “pour avoir une seconde cloche”. On ne sait pas si cette somme fut effectivement donnée, mais cela n’eut pas de résultat et il fallut attendre plus de 200 ans pour que l’église Saint Nicolas eût sa seconde cloche. Elle pèse 400 kgs et a été offerte par Arnold de Bernes, marquis de Longvilliers. Elle se nomme Françoise et donne le la bémol.
Les tombes de la famille de Bernes de Longvilliers
Dans le cimetière qui entoure l’église, on remarquera la série de pierres tombales, faisant face au château, qui sont celles de la famille de Bernes de Longvilliers.
Le Calvaire
Le Monument aux Morts
On trouvera dans la rubrique généalogie Longvithèque une présentation des “enfants de Longvilliers morts pour la France”